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Le Faucon Pèlerin

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Emblème de la fauconnerie française


Le Faucon Pèlerin (Falco Peregrinus) est un oiseau cosmopolite présent sur tous les continents hormis l’Antarctique. Les scientifiques distinguent une vingtaine de sous espèces. La sous espèce nominale (Falco peregrinus peregrinus) occupe la majeure partie de l’Europe occidentale. L’Europe compte trois sous-es­pèces : peregrinus, calidus et brookei.

Le faucon pèlerin tire son nom de l’adjectif latin peregrinus, qui signifie soit « venant de l’étranger », soit vagabond. Il a mérité ce nom en raison des migrations de certaines populations. Il fut donc considéré, à juste titre, comme un grand voyageur, un « pèlerin ». L’espèce est migra­trice partout et sédentaire dans les régions tropicales et équatoriales.


Biologie et description

C’est un rapace robuste de taille moyenne (38-46 cm de la pointe du bec à la pointe de la queue pour les mâles et 46-54 cm pour les femelles) dont le poids peut varier significativement entre individus de même sexe. Les mâles pèsent entre 600 et 750 gr alors que les femelles se situent entre 900 et 1300 gr. Les envergures respectives sont de 85-100 cm et 105–115.

Le faucon pèlerin est un oiseau de corpulence robuste plus ou moins de la taille d’une corneille. La rayure malaire ou moustache noirâtre qu’on voit sous les yeux est un trait carac­téristique, tout comme le dos et la surface supérieure des ailes, qui sont d’un bleu cendré ou ardoisé. La gorge est blanche, le ventre varie du blanc au rosâtre, et les flancs, les cuisses, l’abdomen, la surface inférieure des ailes et le bas de la poitrine portent des raies brun noir.

Taillé de façon sculpturale, le faucon pèlerin a des proportions parfaites, une petite tête, des yeux foncés, un plumage compact et ferme, et de longues ailes pointues caractéristiques qui favorisent un vol particulièrement rapide et des performances aériennes specta­culaires.

Chasseur d’oiseaux par excellence, les longs doigts du pèlerin servent à capturer les proies en vol, les tarses assez courts permettent d’en­caisser l’impact des chocs avec la proie.

La silhouette du faucon pèlerin change selon la configuration de vol (vol de croisière, plané, poursuite, piqué de chasse), cependant les ailes semblent toujours assez larges à la base avec des pointes effilées. La queue est relativement courte et sa longueur n’excède pas celle de la largeur de l’aile à sa base. Il existe de notoires différences, tant en termes de coloration qu’en termes de taille, entre les différentes sous espèces mais l’allure générale et le port altier de cet oiseau sont constants.


Habitat et population

En Europe occidentale, le milieu rupestre est de loin l’habitat naturel préféré de cet oiseau qui niche toujours en deçà 1600 m d’altitude. Il s’agit donc des petites falaises fluviales, des bords de mer escarpés, des falaises de moyenne montagne ainsi que les éboulis rocheux.

Quelques oiseaux sont arboricoles, comme dans l’ex Allemagne de l’Est ou en Pologne, quand d’autres nichent au sol en Finlande sur des îlots protégés des prédateurs terrestres au milieu des tourbières.

Les constructions humaines (églises, tours, bâtiments) et infrastructures techniques (pont, pylônes) font désormais partie des sites de reproduction possibles pour l’espèce tout comme certaines carrières, parfois même en exploitation.

L’espèce a connu un déclin considérable du début des années cinquante jusqu’à la fin des années soixante. Les effets induits des pesticides organochlorés (DDT) rendaient les coquilles des œufs de faucon trop fragiles pour supporter la couvaison. Les couples produisaient de moins en moins.

Parallèlement le tir et le piégeage de tous les becs crochus amplifia l’hécatombe.

Au début des années soixante-dix la France ne comptait plus qu’une centaine de couples nicheurs. L’interdiction des DDT et la protection intégrale des rapaces depuis 1974 permit à l’effectif de se reconstituer pour compter aujourd’hui approximativement 1200 couples nicheurs.


Alimentation

Essentiellement ornithophage, les proies de ce chasseur cosmopolite dif­fèrent beaucoup d’une région à l’autre, et même d’une aire de nidification à l’autre. La taille des proies capturées varie de celle de la mésange à celle du canard. La femelle s’attaque aux proies les plus grosses alors que la taille de celles attaquées par le mâle dépasse rarement la taille du pigeon.


Reproduction

La ponte, de 3 ou 4 œufs, à généralement lieu entre la mi-février et la fin mars. Elle est déposée dans une simple cuvette grattée à même le substrat d’un replat rocheux ou dans un vieux nid de corvidé ou de rapace.

L’aire est généralement abritée d’une paroi verticale et parfois, dans l’idéal, d’un surplomb rocheux. Elle est très souvent orientée Est ou Nord-Est afin de recevoir le soleil matinal et d’être ainsi protégée des vents dominants et de la pluie. Les œufs sont couvés entre 29 et 32 jours, principalement par la femelle. Le mâle prend des relais qui permettent à sa congénère de se dégourdir et de se nourrir. Les éclosions sont suffisamment concomitantes pour ne pas créer trop de différence entre les jeunes. Les poussins mâles éclosent avant les femelles ce qui limite l’impact du dysmorphisme sexuel.

Après 35 jours pour les mâles (42 pour les femelles) ont lieu les premières tentatives de vol. De jour en jour ils vont prendre de plus en plus d’aisance dans leurs déplacements, d’abord brefs autour de l’aire, puis de plus en plus longs au cours desquels ils s’adonneront à des poursuites ludiques entre eux ou derrière leurs parents.

Les jeunes seront encore dépendants des parents quatre à six semaines après l’envol. Durant tout ce temps ils acquerront toutes leurs facultés de vol et les rudiments qui feront d’eux des chasseurs accomplis dès l’automne. La mortalité est très importante la première année puisqu’en moyenne seul un sur quatre jeune parvient à l’âge adulte.


Conservation

De nombreuses populations au­trefois vigoureuses, surtout en Europe et en Amérique du Nord, ont souffert de baisses généralisées et sans précédent du début des années cinquante jusqu’à la fin des années soixante. La rapidité et l’enver­gure du déclin ont d’abord étonné les orni­thologues. Le pillage des nids et la chasse n’expliquaient pas le phénomène puisque les faucons résistaient à ces assauts depuis déjà une centaine d’années. Les études scienti­fiques permettent de croire que les pesticides organochlorés (DDT) ou les polluants industriels étaient la cause principale du déclin. En effet, le phénomène a coïncidé avec l’utilisation intensive des pesticides après la guerre.

Au sommet de la pyramide alimentaire et essentiellement ornithophage, le pèlerin peut être considéré comme un véritable test biolo­gique de la contamination du milieu. Comme leurs proies s’alimentent d’insectes contaminés, les prédateurs sont exposés à des taux de contamination beaucoup plus élevés qu’elles. Or, de telles concentrations peuvent nuire à la reproduction en entravant le comportement des couples, la formation des coquilles et l’éclosion. Le taux de reproduction de cette espèce peut donc être affecté, ce qui entraîne le déclin des populations. Au début des années soixante-dix, la France ne comptait plus qu’une centaine de couples nicheurs. L’interdiction des DDT et la protection intégrale des rapaces depuis 1974 permit à l’effectif de se reconstituer pour compter aujourd’hui approximativement 1200 couples nicheurs.


Le Faucon Pèlerin et la fauconnerie



Dans le langage populaire, le fauconnier est celui qui chasse avec un rapace mais le vocabulaire français propre à la chasse au vol est très riche.

Ainsi, il distingue le fauconnier, celui qui chasse à l’aide d’un faucon, de l’autoursier ou l’aiglier qui eux chassent respectivement avec un autour ou un aigle. Ce riche lexique désigne encore plus précisément le faucon comme étant la femelle (ou forme) du pèlerin ; le mâle est nommé tiercelet (parce que plus petit d’un tiers).

Le pèlerin est l’oiseau de référence du fauconnier qui voit en lui la plus merveilleuse des créatures volantes. C’est le faucon auquel tous les autres sont comparés. Cet oiseau est mondialement reconnu par les amateurs pour ses capacités exceptionnelles, sa grande beauté et sa relative facilité d’affaitage contrairement au mythique Gerfaut (le plus grand des faucons) ou au Sacre. 

Par nature, le pèlerin est capable de prouesses aériennes époustouflantes, parfois exécutées à vitesse sidérante. Une littérature considérable n’a cessé de le décrire et de louer cet oiseau depuis des siècles à travers toutes les cultures. Parmi ses adeptes, ceux qui volent un faucon semblent tous partager le sentiment et l’envie, jamais assouvie, d’assister à un des plus merveilleux spectacles qu’offre la nature.

Un vol de chasse observé dans toute sa dimension naturelle et sauvage laisse un souvenir extraordinaire et impérissable. Le fauconnier, chaque jour et souvent accompagné de son chien de chasse, tente de rejouer cette tragédie sauvage à l’aide de son précieux faucon. Le bénéfice de la chasse est secondaire. Pour l’amateur de fauconnerie, un très beau vol, même infructueux, sera toujours préféré à une chasse réussie sans éclat.

Le vol en piqué surpasse en rapidité celui de tout autre animal. Un poème Arabe dit : « Le faucon monte au ciel avec la rapidité d’une prière et il en descend avec la rapidité d’un sort ». Durant cette phase de vol, le faucon peut atteindre des vitesses considérables avant de ralentir très fort pour aborder la proie convoitée ou pour changer brusquement de trajectoire. Son plumage possède des pennes rémiges suffisamment rigides pour être capables d’absorber les facteurs de charge auquel son corps est soumis lors de virages serrés à grande vitesse. Le souffle d’air qui accompagne ces deux phases de vol particulières et que l’on peut entendre lorsque l’on a la chance d’assister en proximité à une chasse, laisse une grande impression.

Il peut être polyvalent ou hautement spé­cialisé. Comme chasseur d’oiseaux, il peut être volé en vol à vue c’est-à-dire partant du poing en poursuite directe du gibier pour livrer une bataille aérienne ou il peut être volé d’amont, vol qui l’emmène haut dans le ciel, en position dominante où il attend que fauconnier et aides lui servent son gibier. Les deux styles de vol peuvent résulter dans un piqué. Le piqué du faucon est sans doute un des spectacles de la nature les plus émouvants qu’il y ait. La technique de chasse naturelle du pèlerin est d’exploiter surtout la hauteur pour s’abattre sur sa proie en piqué.


Le vol à vue

C’est le vol le plus naturel et le plus ancestral dans lequel est employé le faucon pèlerin. L’oiseau est lancé directement du poing à la poursuite d’un gibier.  De grands espaces ouverts sont nécessaires au bon développement de l’action de chasse. Ainsi, la proie doit fuir vite, loin et parfois très haut pour tenter d’échapper au prédateur. Ce vol exploite et révèle particulièrement la puissance de poursuite du faucon. En France, on vole de cette manière les corvidés (freux, corneilles) et parfois certains laridés comme les mouettes et goélands. Il sera peut-être possible, dans un avenir proche, de chasser à nouveau le héron cendré comme cela se pratiquait jadis.

A une autre époque, de grands équipages suivaient ces vols à cheval. La plus belle conquête de l’homme est aujourd’hui remplacée par des véhicules 4×4 dans certaines parties du monde pour continuer à suivre ces vols, comme celui de l’outarde Houbara, qui se déroulent parfois sur plusieurs kilomètres de distance. Seules les espèces d’oiseaux qui ne se dissimulent peuvent être entrepris de la sorte mais il faut mentionner que la perdrix grise fût très longtemps chassée en vol à vue avant la découverte du vol d’amont.


Le vol d’amont

Ce vol est plus récent que le vol à vue ou Haut-vol classique. Pratiqué dès le 17ème siècle mais peu utilisé par les fauconniers à cause des risques de perte de faucons à l’essor, il fut perfectionné au milieu du vingtième siècle, la technologie de radio-tracking permettant laisser voler les oiseaux à grande hauteur sans trop de risques de pertes.

Plus sophistiqué que le vol à vue dans sa mise en pratique, le vol d’amont exploite la fabuleuse vitesse de piqué du faucon. Pour cela, le fauconnier va localiser un gibier (perdrix, faisans, bécassines, canards), à l’aide de chiens d’arrêt (Pointer, Setter, Épagneul …). Alors, le faucon sera mis sur l’aile pour faire carrière et aller chercher en quelques minutes un plafond de vol suffisant et un placement idéal par rapport au chien resté figé au sol. Quand toutes les conditions sont réunies, le gibier est levé. Quelques secondes suffisent pour que la trajectoire du faucon vienne couper celle du gibier qui sera soit lié (saisi par les serres du rapace) soit buffeté (frappé violemment, parfois tué net, par les serres du faucon).

Aujourd’hui, les systèmes GPS qui équipent les faucons permettent d’avoir une idée assez précise des vitesses atteintes lors des piqués. La plupart se situent dans une fourchette de vitesse allant de 170 km/h à 230 km/h. Quelques enregistrements moins fréquents font ressortir des pointes au-delà des 340 km/h.

Le plafond de vol du faucon au départ du piqué, la longueur de celui-ci combiné avec un éventuel vent favorable et une trajectoire de fuite rectiligne de la proie convoitée sont les principaux paramètres qui engendrent une grande vitesse d’attaque. Le faucon pèlerin mérite vraiment tous les superlatifs que les passionnés lui attribuent.